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L' ambassadeur Pietton remet à l’ancien ministre Baroud l’insigne de la Légion d’Honneur
2011-10-12
Le 12 octobre 2011 à la Résidence des Pins, M. Denis Pietton, ambassadeur de France au Liban, a remis les insignes d’officier de la Légion d’Honneur à M. Ziyad Baroud. Dans son discours, l’ambassadeur a insisté sur l’engagement  de cet avocat et militant des droits de l’Homme en faveur des droits des citoyens. Il a insisté sur le fait qu’ en honorant  Ziyad Baroud, “nous saluons une personnalité libanaise exceptionnelle et populaire qui suscite la sympathie de la plupart – et nous en sommes – et, en tout état de cause, jamais l’indifférence.”

Il s’est adressé à l’ancien ministre en disant : « Profondément attaché à la France, vous êtes un partenaire essentiel et exigeant du gouvernement français sur le terrain de la coopération technique que vous suivez de façon méticuleuse, comme lors de la négociation de l’accord de « coopération en matière de sécurité civile, de sécurité intérieure et d’administration ». Vous attachez de l'importance au soutien de la France aux réformes que vous concevez dans des secteurs allant de l’informatisation du statut personnel à la modernisation de la Défense Civile, en passant par le développement de la décentralisation, la coordination des activités de sécurité publique et de gestion de crise, la coordination de la coopération internationale, le transfert de l’administration pénitentiaire de l'Intérieur à la Justice, la réorganisation profonde des institutions et des procédures concernant la circulation routière et la lutte contre la corruption. Cher Ziyad BAROUD, au nom du président de la République française et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous faisons Officier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur. »

Baroud, pour sa part, a prononcé le discours suivant :

« Monsieur le représentant du président de la République, du président de la Chambre et du Premier ministre, Monsieur le député,
Monsieur l’ambassadeur, Cher Denis PIETTON,
Excellences,
Chers collègues,
Chers parents et amis, Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d’abord à remercier Monsieur l’Ambassadeur Denis PIETTON pour les propos qu’il vient de dresser sur mon parcours. Je le remercie aussi d’avoir si amicalement été mon parrain dans l’ordre prestigieux de la Légion d’Honneur. Cher Denis, cela témoigne de votre amitié dont je m’honore; vos propos élogieux témoignent de votre indulgence dont je profite !

Mes remerciements vont, en premier lieu, à Monsieur Nicolas SARKOZY, Président de la République française, qui, en me nommant Officier de la Légion d’Honneur, a voulu récompenser un commis de l’Etat… Libanais! Les relations entre la France et le Liban sont telles, qu’un serviteur de l’Etat libanais puisse être très naturellement récompensé, non par son gouvernement, nécessairement, mais par la France des valeurs, la France Etat de droit. Harold Macmillan avait raison: "quand vous êtes à l’étranger, vous êtes un homme d’Etat; quand vous êtes dans votre propre pays, vous n’êtes qu’un homme politique".

Très jeune, j’ai consciemment pris le risque de m’aventurer dans ce milieu. C’était pour moi un engagement humain. Pour le scout que j’étais, pour le scout que je tiens à être toujours, "servir" était la devise. Je n’ai pas tardé à me rendre compte, non sans quelque amertume, que la politique est controversée, dévalorisée…Un milieu difficile, dans lequel pouvoir et séduction jonglent souvent avec mensonges et intérêts privés qui priment. Ce soir, je souhaiterais m’adresser à mes parents et leur dire merci. Grâce à eux, je suis aujourd’hui capable de "vivre comme je pense, plutôt que penser comme je vis", pour reprendre les termes du grand Fouad BOUTROS. Ce qu’ils m’ont inculqué, l’espace d’une enfance, à Jeita et au Collège d’Antoura m’a fortement immunisé lorsque j’ai été appelé à servir dans ce milieu aussi séduisant qu’ingrat. Permettez moi de leur dire ma tendre reconnaissance.

Qu’il me soit permis aussi de vous dévoiler ma partenaire de l’ombre. Après des années de dur labeur, c’est à Linda que je dois la chaleur de notre foyer dans la froideur de mon absence. C’est à elle que je dois un support inégalé au quotidien, dans sa pureté de cristal, à maints niveaux. Son appui m’a été inconditionnel et incommensurable. Je dois beaucoup à son amour, à sa patience et à son talent.

Mes remerciements vont aussi à tous ceux qui m’ont fait confiance: au Président de la République, aux Premiers Ministres et aux collègues avec lesquels j’ai servi. C’est l’occasion pour moi aussi de remercier une équipe de travail exceptionnelle, engagée, dévouée, compétente et fidèle. La présence de nombreux partenaires aujourd’hui, ici, témoigne de la synergie que nous avons pu créer. J’y crois beaucoup, tout comme je m’attache à une certaine idée de la société civile. Je me permets d’être très critique là où c’est nécessaire - et ça l’est souvent- mais je refuse qu’une classe gouvernante ou clientéliste, souvent incompétente et irrationnelle, nous donne des leçons. Dans un pays déchiqueté par les intérêts privés, dans un pays où la chose publique n’a de l’adjectif, pour certains, que l’aptitude d’être appropriée par les uns et les autres, je persiste à croire que les alternatives devraient venir de
ce milieu militant que sont les universités et les associations. Dans la polarisation extrême dont souffre le pays, je défends avec ferveur le droit à l’alternative, le droit à la bonne gouvernance, le droit à une qualité de vie digne des compatriotes de Charles MALEK. Je défends le droit au rêve; celui qui nous est souvent interdit par la force des cauchemars quotidiens qui naissent des cimetières de notre vécu.

Chers amis,

Dans cette esplanade qu’est la Résidence des Pins, l’histoire nous interpelle: il y’a un peu moins d’un siècle, le Grand Liban fut proclamé, dans le charme de ces lieux mêmes. Un rêve se faufilait. Nos insomnies ont souvent interrompu ce rêve. Rappelons nous l’adage: "nul ne détient le pouvoir de tuer les rêves, ils finiront toujours par germer"…

Monsieur l’Ambassadeur, cette haute distinction que vous me faites l’honneur de me remettre aujourd’hui, permettez-moi de la ressentir comme un encouragement à continuer à oeuvrer pour la chose publique, au service de mes compatriotes et au service des idéaux et des valeurs que la France et le Liban se partagent.

Je ne dirais pas davantage. Jean DUTOURD disait: "faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon".

Monsieur l’Ambassadeur, merci encore…”
 
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